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Au Honduras, la « grande fête civique » n’aura pas lieu

lundi 25 novembre 2013   |   Orlane Vidal
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L’entrée des bureaux de vote est saturée ce dimanche 24 novembre. Le Tribunal suprême électoral (TSE) avait annoncé depuis des mois une « grande fête civique » qui entérinerait potentiellement un véritable retour à la démocratie, trente ans après la fin de la dictature militaire et un peu plus de quatre ans après le coup d’État contre Manuel Zelaya. Les organisations internationales (Union européenne, Organisation des États américains, Fédération internationale des droits de l’homme) sont unanimes : les autorités électorales ont fait d’immenses efforts afin de se conformer aux standards internationaux en matière de pratiques démocratiques. Les encouragements exprimés au mauvais élève ne parviennent pourtant pas à faire oublier les multiples crises (économique, politique, environnementale, des droits de l’homme) que le pays traverse actuellement.


Les Honduriens sont convoqués afin d’élire un nouveau chef d’État. Une fois n’est pas coutume, une femme apparaît sur la liste des candidats. De gauche à droite :

  • Orle Solís : Démocratie chrétienne
  • Romeo Vásquez Velasquez : Alliance patriotique
  • Mauricio Villeda : Parti libéral
  • Salvador Naralla : Parti anti-corruption (PAC)
  • Xiomara Castro : parti Liberté et refondation (LIBRE)
  • Jorge Aguilar : Parti innovation et unité (PINU)
  • Andres Pavón : Alliance front élargi politico-électoral en résistance - Union démocratique (FAPER-UD)
  • Juan Orlando Hernández : Parti national


En plus de l’élection d’un nouveau président, les Honduriens étaient appelés à choisir de nouveaux députés et maires.


Les écoles élémentaires ont été transformées en bureaux de vote pour l’occasion.


16 000 militaires et 12 000 policiers ont été mobilisés pour l’occasion. Présents dans tous les bureaux de vote, les jeunes soldats n’ont pas hésité à intervenir, afin de "ramener l’ordre" en cas d’échauffements.


Alors que le Tribunal suprême électoral s’est prononcé à 23h25 sur les premières tendances des résultats du scrutin, donnant Juan Orlando Hernández en tête de la présidentielle avec 34.27% des votes, les partisans de LIBRE crient à la fraude, dénonçant la manipulation des données lors de leur transmission via le système informatique.


Juan Orlando Hernández, candidat du Parti national (droite conservatrice), s’est auto-proclamé nouveau président de la République hondurienne dès 20h15. Quelques minutes auparavant, Xiomara Castro, candidate à la présidence pour le parti LIBRE, en avait fait autant. Selon la déclaration faite par l’ancien président Manuel Zelaya à 23h45 ( en tant que coordinateur général du parti), les résultats obtenus par leur propre système de comptage vont à l’encontre des estimations officielles du TSE. Ils indiquent la victoire de Xiomara Castro avec environ 33% des suffrages, contre 30% pour Juan Orlando. Le parti LIBRE rappelle aux électeurs qu’il manquait encore 46% des données au moment où le TSE fait sa première annonce.


Tous les électeurs qui ont pris part au vote portent la marque d’encre verte attestant de leur participation, afin d’éviter les fraudes. Cependant, ce moyen de prévention basique semble bien maigre face aux nombreuses irrégularités enregistrées en diverses étapes du processus électoral (achat de votes, corruption des scrutateurs présents dans les bureaux de vote, falsification des registres d’électeurs, manipulation des donnes scannées et transmises par informatique en vue de la centralisation des résultats).


La plupart des bureaux de vote ont fermé à 17 heures. Avant de se lancer dans la tâche fastidieuse du comptage des votes, les membres d’un bureau de vote, représentants des neuf partis politiques dans la course électorale, s’unissent le temps d’une bénédiction conciliatrice, priant pour le bon déroulement du dépouillement des votes.


Le dépouillement des bulletins de vote de l’urne présidentielle commence à la tombée de la nuit, sous la surveillance de militaires omniprésents, mais aussi sous le regard extrêmement scrupuleux des dizaines de citoyens restés sur place. Ils ont tenu à vérifier de leurs propres yeux la transparence du processus, alors que le thème de la fraude est au coeur des préoccupations depuis le simulacre d’élections primaires qui s’est tenu en novembre 2012.
Quelques heures plus tard à peine, les craintes d’un nouveau soulèvement populaire ressurgissent devant le risque d’une nouvelle crise politique, un peu plus de quatre ans après le coup d’État.





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