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Déclaration spéciale de l’Alba sur le réchauffement climatique

jeudi 17 décembre 2009
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Déclaration spéciale sur le changement climatique approuvée lors du VIIIème Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA)

Les pays développés tentent de perpétuer leurs modèles de production et de consommation insoutenables.

  1. Les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique – Traité de commerce des peuples, réunis lors de son VIII° Sommet, qui s’est déroulé à La Havane, Cuba, du 13 au 14 décembre 2009, ont convenu de réaffirmer la Déclaration spéciale sur le changement climatique adoptée lors du VII° Sommet de l’ALBA-TCP, à Cochabamba, Bolivie, le 17 octobre 2009.

  2. Ils ont observé avec une profonde préoccupation que l’état des négociations préliminaires à la XV° Conférence des Parties démontre que les pays développés, principaux responsables du changement climatique et de ses impacts néfastes, n’ont pas l’intention de parvenir à des résultats justes et équilibrés à Copenhague, après presque trois ans de négociations pour l’adoption de la seconde période d’engagement de réduction de gaz à effets de serre des pays développés, dans le cadre du Protocole de Kyoto, et après deux ans de négociations dans le groupe de travail sur la coopération au long terme pour un accord de la conférence des Parties qui permette une application pleine, effective et soutenable de la Convention, en totale conformité avec ses principes et ses engagements.

  3. Ils ont déploré que les pays développés se soient efforcés de dégrader et de vider de leur contenu les principes et les engagements du régime légal en vigueur, avec pour objectif de perpétuer ses modèles de production et de consommation insoutenables, ainsi que la dépendance et la marginalisation des pays en développement, en tentant de déplacer la charge que représentent l’atténuation et l’adaptation pour ces pays.

  4. Ils ont réaffirmé, dans ce contexte, que l’intention des pays développés d’imposer un accord politique qui condamnerait 80% de la population mondiale à vivre dans le sous-développement et la pauvreté est inacceptable. Ce ne peut être une option politique et cela constitue un sérieux obstacle pour parvenir à un résultat juste et équitable à Copenhague.

  5. Ils ont confirmé que la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique et son Protocole de Kyoto constituent le régime juridique contraignant en vigueur. C’est lui qui fixe les normes de la réponse et de la coopération internationale pour affronter le réchauffement global, et comme résultat du consensus atteint par la communauté internationale pour faire face à l’un des problèmes les plus graves qui menacent l’humanité, ainsi que la vie et l’existence mêmes de certaines nations en voie de développement.

  6. Ils ont catégoriquement rejeté les tentatives d’affaiblir la portée de ces instruments, de les supprimer ou de leur substituer de nouveaux accords qui dégraderaient ou modifieraient les obligations juridiquement contraignantes qu’ils avaient contractées.

  7. Ils ont constaté, une fois encore, que la crise environnementale résultant de l’élévation des températures atmosphériques est la conséquence du système capitaliste, de la durée de l’insoutenable modèle de production et de consommation des pays développés, de l’application et de l’imposition au reste du monde d’un modèle de développement absolument prédateur, et du manque de volonté politique pour la tenue plein et effective des engagements et des obligations prévus par la Convention et par le Protocole de Kyoto.

  8. Ils ont souligné que les pays développés, qui représentent à peine 20% de la population mondiale, ont contracté une dette climatique envers les pays en développement, les générations futures et la Terre-Mère, en sur-consommant l’espace atmosphérique et en générant approximativement les trois quarts des émissions mondiales de l’histoire.

  9. Ils ont reconnu que, pour atteindre l’objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau pouvant empêcher une altération dangereuse du système climatique, les pays de l’Annexe 1 doivent revenir à des concentrations très en deçà de 300 ppm de gaz à effet de serre, en vue de revenir à des températures les plus proches possibles des niveaux pré-industriels.

  10. Ils ont mis en évidence le fait que cette dette climatique, dans le cadre plus large de la dette écologique, comprend tant une dette d’émission qu’une dette d’adaptation. Elle doit être honorée par les pays développés par :

    • a) des engagements contraignants de réductions nationales substantielles et de réabsorption d’émissions de gaz à effet de serre de manière à garantir le droit au développement des pays en voie de développement.

    • b) la tenue de leurs engagements de transfert effectif de technologies, garantissant qu’elles soient accessibles, abordables, adaptables et que soient éliminés tous les obstacles liés aux droits de propriété intellectuelle, pour que les pays du Sud puissent entamer un processus de développement qui ne suive pas les modèles de consommation et de pollution du Nord.

    • c) la tenue des engagements et des garanties de mise à disposition effective des ressources financières publiques additionnelles, adéquates, prévisibles et soutenables, en soulignant que les besoins pour l’adaptation des pays en développement ont augmenté du fait de la crise climatique. Pour éviter une catastrophe climatique majeure, les pays développés doivent consacrer 6 % de leur PIB aux pays en développement en apportant une contribution mesurable (notifiable et vérifiable) en vue du paiement total de leur dette climatique.

  11. Ils ont fait ressortir que, pour parvenir à l’application effective de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique et du Protocole de Kyoto, il faut des organes compétents pour l’adaptation, les transferts de technologies et le développement de capacités, ainsi que les mécanismes financiers améliorés.

  12. Ils ont rejeté catégoriquement les tentatives de transférer les responsabilités de l’atténuation aux pays en développement, ainsi que l’établissement de conditionnalités pour les transferts de ressources financières et technologiques en vue de combattre le changement climatique. Ils ont exigé que soit respecté le droit au développement soutenable de ces pays, dans un environnement sain, écologiquement équilibré, et avec l’espace atmosphérique requis.
  13. Il ont mis en avant le fait que les pays développés tentent d’ignorer cette dette climatique, expression concrète de leur responsabilité historique dans la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique et du Protocole de Kyoto et que, à cet effet, ils promeuvent un nouvel accord dans lequel leur culpabilité n’est pas mise en évidence.

  14. Ils ont souligné la nécessité de changer les modèles de consommation et les styles de vie dans les pays développés et de réformer le système économique, commercial et financier international.

  15. Ils ont rejeté les solutions du marché et la vente de bons carbone pour résoudre les problèmes du changement climatique. Elles s’inscrivent en effet dans la logique même qui a provoqué l’éclatement de la plus grave crise économique et financière globale depuis la Grande Dépression, qui a mis des millions de travailleurs au chômage et qui a aggravé la pauvreté, ainsi que la crise alimentaire des pays en développement. Ils ont également souligné que les marchés de carbone permettent à ceux-là même qui ont provoqué le changement climatique de continuer à polluer, tandis que la charge de la réduction des émissions est transférée aux pays en développement.

  16. Ils ont manifesté que la nécessité de fournir aux pays en développement les ressources financières adéquates pour couvrir la totalité des dépenses additionnelles générées par les impacts du changement climatique, il ne s’agit pas d’une question de marché, mais d’une obligation légale et morale, dérivée des accords assumés par les pays développés via la Convention.

  17. Ils ont signalé que les tentatives des pays développés d’impulser l’adoption d’un accord violant les principes de responsabilité historique, d’équité et de responsabilités communes mais différenciées portent atteinte au droit au développement des pays en voie de développement et représentent une grave atteinte aux droits de la Terre-Mère.

  18. Ils ont confirmé leur volonté de travailler sur la base de positions mises en cohésion pour contribuer de manière constructive aux délibérations de Copenhague et à tout autre processus ultérieur, afin de parvenir à un résultat juste, équilibré et équitable qui permette d’atteindre l’objectif premier de la Convention en pleine concordance avec ses principes et engagements.

  19. Ils ont demandé solennellement aux pays développés de démontrer, de manière effective et convaincante, leur volonté politique de respecter pleinement leurs obligations actuelles et futures, au moyen d’engagements sérieux, ambitieux et comparables, dans le cadre de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique et du Protocole de Kyoto.

  20. Ils ont reconnu que les mesures volontaires visant à l’atténuation et les alternatives aux mécanismes traditionnels de marché, adoptées par certains des pays membres de l’ALBA, doivent être reconnues, compensées financièrement et promues au niveau mondial. En particulier, ils ont reconnu et soutenu l’initiative de l’Équateur dénommée Yasuni-ITT, en la considérant comme novatrice et d’avant-garde pour affronter le problème du changement climatique.

  21. Ils ont réaffirmé que la position des pays de l’ALBA sur le changement climatique reflète une conception du développement qui n’est pas fondée sur la marchandisation de la nature, mais qui est guidée par le paradigme du Vivre bien, qui suppose des relations d’harmonie et de respect de la nature et d’autrui.


Traduit par DM

Source : Bolpress.





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