Initiatives

Dakar : forum des autorités locales

« Faites de la stratégie ! »

jeudi 10 février 2011   |   Michèle Dessenne
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La 9e édition du Forum des autorités locales (FAL) tenait ses travaux le 8 février 2011 au Palais des Congrès, situé au sein de l’hôtel Méridien à une vingtaine de kilomètres du centre de Dakar. Son thème : « Pouvoir local, crise globale » Le FAL a adopté un texte intitulé « Engagement de Dakar » et s’est félicité du « nouveau pas franchi par l’entrée de plusieurs villes africaines ». L’agenda de travail du FAL sera établi cette semaine car, comme l’a précisé Patrick Braouzec, président de la communauté d’agglomération Plaine commune, qui présidait une séance plénière, « entre deux FAL il faut continuer à travailler ».

Après une matinée un peu agitée en raison de la présence du président du Sénégal et d’opposants politiques venant de la municipalité de Dakar - ce qui a donné lieu à une belle désorganisation -, les travaux du FAL ont repris un cours normal en début d’après-midi. Six ateliers étaient organisés, donnant la parole à des représentants de villes africaines, dont Dakar ; du Maroc, dont Rabah ; du Brésil, du Portugal, d’Espagne, d’Italie, de France. Les élus français étaient surtout issus de villes de périphérie, autrement dit de banlieues. La veille, tous les élus des périphéries avaient débattu à Pikine, banlieue de Dakar, dans le cadre de leur propre coordination : le Forum des autorités locales de périphérie (FALP).

Le thème de cette 9e édition du FAL - presqu’aussi âgé que le Forum social mondial (FSM) - était intitulé « Pouvoir local, crise globale. » Objectifs : Comment faire face à l’augmentation de la pauvreté et de la misère, avec moins de moyens financiers et plus de demande sociale ? Comment répondre à la crise écologique, à la pénurie d’eau potable, à l’insuffisance de logements et à l’accroissement du chômage ?

Face au désengagement de l’Etat, les élus de collectivités territoriales ont débattu sur les moyens à mettre en œuvre pour trouver de nouvelles ressources. Ils affirment vouloir créer de nouveaux rapports de forces en s’appuyant sur les associations et les citoyens, notamment à travers des processus de démocratie participative. Mais l’urgence sociale les amène aussi à devoir établir des priorités, et en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation. Alors que les services publics constituent un pilier de la démocratie territoriale et sociale, la privatisation continue d’avancer sur tous les continents. Le FAL a cependant salué les progrès réalisés dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, là où des gouvernements progressistes sont au pouvoir.

Les participants au FAL ne se complaisent pas dans la plainte. Jean-Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique, a lancé un appel vibrant lors de l’atelier sur les services publics : « Cessez de vous plaindre et faites de la stratégie ! » a-t-il déclaré avec force. De son point de vue, il est temps de proposer et de mettre en commun des « paquets technologiques et juridiques » permettant d’aller vers l’accès des droits pour tous. Ne mâchant pas ses mots, il a répondu aux représentants des villes qui invoquaient la coopération décentralisée que « la coopération décentralisée ce n’est pas seulement apporter des concours compassionnels, mais du partage scientifique et technique ».





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