Initiatives

Rencontre des mouvements sociaux pour l’Alternative bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba) / Belem, 30 janvier

Vers la mise en place du Conseil des mouvements sociaux de l’Alba

mercredi 4 février 2009   |   Christophe Ventura
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Dans le prolongement de la rencontre du jeudi 29 janvier (
La journée des présidents ; La « verdadera izquierda »
y los movimientos sociales
) organisée, entre autres, par le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), la Via Campesina et la Marche mondiale des femmes avec les présidents progressistes d’Amérique latine Hugo Chavez (Venezuela), Rafael Correa ( Equateur), Fernando Lugo ( Paraguay) et Evo Morales ( Bolivie), ces mêmes organisations, avec le Centre Mémoria Martin Luther King (Cuba), ont convoqué, vendredi 30 janvier, l’assemblée des mouvements sociaux pour la mise en place du Conseil des mouvements sociaux de l’Alba.

L’Alba est la première zone régionale de coopération et d’intégration économiques et politiques dotée d’objectifs sociaux et environnementaux fonctionnant en dehors des dogmes du néolibéralisme. Elle rassemble aujourd’hui six pays : la Bolivie, Cuba, la Dominique, le Honduras, le Nicaragua et le Venezuela. L’Equateur (probable membre à part entière dans quelques semaines), Haïti et l’Uruguay en sont membres observateurs.

Sa prochaine réunion plénière, à laquelle seront invités le Paraguay et le Guatemala, se tiendra le 2 février à Caracas. Il s’agira d’avancer dans la concrétisation des projets décidés le 26 novembre : création d’un Fonds de stabilisation et de réserve monétaire et du Système unitaire de compensation régionale (Sucre), la nouvelle monnaie commune de l’ensemble régional. Ces deux mécanismes vont permettre à l’Alba de devenir la première zone monétaire hors FMI (Le Sucre contre le FMI).

Créé en 2004 à l’initiative du Venezuela et de Cuba, l’Alba s’est peu à peu élargie et a décidé, en 2006, le principe de la création d’un Conseil des mouvements sociaux disposant du même statut formel dans l’organigramme que le conseil des ministres.

C’est donc dans ce contexte que s’est tenue la réunion du 30 janvier. L’enjeu principal était d’adopter une « Charte des mouvements sociaux des Amériques » (Carta de los Movimientos Sociales de las Américas) et de la promouvoir dans les prochaines semaines au-delà du périmètre actuel des organisations et réseaux parties prenantes du processus.

L’objectif a été atteint. Avec cet outil et cette feuille de route, les mouvements sociaux fixent le cadre et les principes politiques de leur participation au processus Alba : « solidarité permanente entre les peuples à travers des actions concrètes », « respect du principe d’auto-détermination des peuples, de la souveraineté nationale et populaire », « défense des droits des peuples indigènes », « inclusion sociale », « pleine autonomie des mouvements populaires ». Ces notions centrales constituent quelques unes des conditions de leur engagement.

Le document indique également les objectifs et les priorités des mouvements sociaux. Pour eux, « le processus d’intégration des mouvements et des organisations sociales dynamise les principes de l’Alba (…) et le potentiel qu’ (il) offre pour renforcer l’intégration latino-américaine ». Il s’agit, entre autres, d’obtenir le « retrait des politiques, des projets et lois minières, d’hydrocarbures, d’agro-combustibles, etc. (…) qui détruisent les communautés, se jouent du respect des droits fondamentaux (…) et détruisent les écosystèmes et l’environnement », « le refus du paiement des dettes illégitimes », « l’annulation des traités de libre-échange avec les Etats-Unis et l’Union européenne », « la défense des droits des travailleurs », « la promotion d’espaces de parité des genres », « la dénonciation du rôle des institutions financières internationales en tant qu’instruments du capital », etc.

Enfin, et il s’agit ici d’un saut qualitatif significatif, une méthodologie en quelques points est proposée :

  • Organisation de collectifs unitaires nationaux pour la promotion et la construction de l’Alba.

  • Préparation d’une rencontre continentale de tous les mouvements sociaux impliqués au second semestre 2009 sur le thème de l’articulation avec l’Alba.

  • Préparation en commun des mobilisations internationales contre la guerre et les crises systémiques décidées à Belem.

  • Développement de campagnes de solidarités concrètes avec les peuples en lutte contre l’impérialisme en Bolivie, en Colombie, à Cuba, à Haïti et au Venezuela.

  • Dynamisation des projets en cours de développement au sein de l’Alba : Ecole latino-américaine de médecine, programmes d’alphabétisation et de santé publique, etc.

Pour Joao Pedro Stedile, membre de la coordination du MST, l’enjeu de la construction, à termes, de ce Conseil des mouvements sociaux, est de mettre les mouvements populaires au cœur du développement de l’Alba afin d’en élargir l’horizon initial. Pour lui, ce dernier ne doit pas dépendre des aléas électoraux et devenir un espace pérenne pour les peuples d’Amérique latine.

Cette conclusion a largement été partagée par les participants pour qui « l’unité et l’intégration de (l’) Amérique est (l’) horizon et (le) chemin ».

 





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