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Breton et fier de l’être

Samedi j’étais à Carhaix, pas à Quimper

mardi 5 novembre 2013   |   Yves-Marie Le Lay
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Samedi dernier j’étais à Carhaix.
Je suis breton et fier de l’être. Samedi j’étais à Carhaix, pas à Quimper. Pourtant, paraît-il, l’avenir de la Bretagne se jouait dans la capitale de la Cornouaille. Ce grand bal pour l’emploi était organisé par les pollueurs de nos rivières et de notre littoral, et par les exploiteurs de la force de travail bretonne.

Avec un tel passif, qu’est-ce qui les autorisait à défendre notre région qu’ils ont tant abîmée ? On pouvait encore penser hier que c’était le prix à payer pour une économie florissante. Forts alors de ce seul actif, ces acteurs de premier plan donnaient l’illusion d’une certaine compétence, les autorisant à un grand rassemblement pour l’emploi. Mais devant l’effondrement de l’économie bretonne - dont ils sont les seuls responsables - quelle légitimité ont-ils encore pour parler d’économie et d’emplois ?

Il leur aura suffi de casser quelques portiques d’écotaxe pour redorer leur blason et trouver le coupable idéal. Comme les garnements dans la cour de récréation, pris la main dans le sac, ils disent alors : « c’est pas nous, c’est les autres ». Et les autres, ce sont toujours ceux qui sont loin : Paris, la République, l’Europe, la mondialisation, tout ce qui mettrait des freins à l’économie. Se dessine alors le cadre idéal : les autres sont les méchants responsables de tous nos malheurs. Faisons bloc entre nous, Bretons, contre eux.

Et il faudrait croire à cette fable battue et rebattue qui a conduit à tant de tragédies ? Je suis breton et fier de l’être, et me voilà invité par ceux qui ont apporté à la Bretagne la pollution de l’eau, les troubles musculo-squelettiques et maintenant la fermeture d’usines agroalimentaires, malgré des aides publiques massives. Me voilà invité à Quimper par tous ceux qui ont perdu la Bretagne depuis 40 ans, et qui n’ont comme avenir à lui proposer que de continuer à la gérer comme avant pour la perdre demain encore et toujours !

Me voilà invité à Quimper par des décideurs publics et privés, incompétents et cyniques, qui cachent mal sous leur bonnet rouge les oreilles de leur bonnet d’âne ! Quant aux salariés de l’agroalimentaire, on est triste pour eux, tant leur désarroi les égare. Les voilà mariés, bras dessus, bras dessous, avec ceux qui ont cassé leur corps pour trois francs six sous et qui leur promettent pour avenir de continuer à le faire pour encore moins cher ! Inutile de se voiler la face. Samedi à Quimper, ce n’était pas un bal de mariage, seulement et tristement le bal des cocus...

C’est parce que je suis breton et fier de l’être que je n’en peux plus de cette Bretagne qui souffre et surtout de tous ceux qui la font souffrir ! Je n’en peux plus de tous ces bateleurs d’une bretonitude rabâchée et racoleuse, et qui s’en servent pour mieux asservir les corps et les esprits !

Etre breton, c’est autre chose que d’être supporter d’un club de foot et d’applaudir les vedettes payées à prix d’or ! Etre breton, c’est respecter la dignité des femmes et des hommes. Etre breton, c’est respecter l’environnement dans lequel ils vivent et qui les fait vivre ! Etre breton, c’est avoir l’humanité comme maison, et la Bretagne comme berceau. C’est parce que je suis breton et fier de l’être que je veux que tous les enfants de cette terre aient un avenir différent de celui qu’ont connu beaucoup de leurs parents. Et pour cela, qu’on ne me demande pas de faire confiance à ceux qui portent depuis 40 ans ce modèle économique et humain qui a tant failli en Bretagne. Il faut en changer et ce changement se fera sans eux. C’est pour cela que j’étais à Carhaix. Samedi, c’est là que je me suis senti breton, avec toutes les organisations syndicales et politiques qui pensent un autre avenir pour notre région.

Dans la capitale du Poher, loin des fossoyeurs de la Bretagne, loin de tous les démagogues nationalistes qui agitent le drapeau noir et blanc, le Gwen ha Du, ainsi que le bonnet rouge, afin de mieux masquer qu’ils sont les auteurs de la crise sociale, environnementale, économique et politique, il faisait bon être breton.





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