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Sommet Union européenne (UE)-Amérique latine et Caraïbes (16-17 mai) et Sommet des peuples (13-16 mai) : premiers éléments de présentation

lundi 19 mai 2008   |   Christophe Ventura
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Le cinquième Sommet Union européenne (UE) - Amérique latine et Caraïbes se tiendra à Lima (Pérou) le 16 et le 17 mai. Cet événement, qui se déroule tous les deux ans, sera précédé le 15 mai d’une rencontre des ministres des affaires étrangères des pays membres de l’UE et de ceux des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes.
La journée du 17 mai sera consacrée à l’organisation de « mini-sommets » entre des représentants de l’UE et du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), de la Communauté andine (Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou), d’Amérique centrale, du Cariforum (qui regroupe 15 pays de la zone Caraïbes ainsi que le Suriname, Haïti et la République dominicaine), du Chili et du Mexique.

Les thèmes officiels de ce sommet, dont l’objectif affiché est le renforcement de la coopération économique et commerciale entre les deux régions, sont : la pauvreté, les inégalités, l’inclusion, le développement durable, l’environnement, les changements climatiques et l’énergie.

Ce sont donc des représentants de plus de 60 pays et plus de 1 500 journalistes internationaux qui sont attendus pour ce rendez-vous de « partenariat stratégique birégional » entre les deux ensembles qui aura lieu dans le pays gouverné par Alan Garcia depuis 2006. Ce dernier est le proche allié des Etats-Unis dans la région. Alors que près de 60 % de la population rejette les politiques néolibérales administrées par son gouvernement, le président péruvien déclarait il y a quelques semaines encore que toute forme de contestation du Sommet officiel devait être considérée « anti-patriotique ».

Gouvernement néolibéral et criminalisation de la contestation

Son gouvernement, « social-démocrate », est soutenu par l’Apra (Alianza Popular Revolucionaria Americana) qui est membre de l’Internationale socialiste. Pour autant, ce parti n’est pas majoritaire au Congrès. C’est le principal parti d’opposition, le Parti nationaliste péruvien (PNP), dirigé par Ollanta Humala, qui y détient la majorité relative.

Le Pérou est soumis à une politique néolibérale intégrale. Aucun secteur d’activités (économique, agricole) n’échappe à la libéralisation, la privatisation, etc. Alan Garcia est devenu un des meilleurs élèves de la classe américaine en Amérique latine : signature d’un accord de libre-échange et d’un accord militaire avec les Etats-Unis.

Malgré la pression du gouvernement et la dure répression dont ont fait l’objet les mouvements sociaux péruviens ces derniers mois dans le cadre de la préparation du Sommet des peuples (4 militants paysans ont été tués par les forces de l’ordre lors de manifestations en février organisées contre la signature de l’accord de libre échange avec les Etats-Unis), ce dernier se tiendra bien du 13 au 16 mai dans les locaux de l’Ecole nationale d’ingénieurs. La vigilance démocratique sera de mise face à un gouvernement clairement hostile à l’évènement et aux mouvements qui le construisent. Le contexte politique n’est pas sans rappeler celui des journées de Gênes de juillet 2001 (réunion du G8).

Alan Garcia joue gros en accueillant cet événement international dans un contexte marqué par la crise colombienne (qui touche directement des pays européens comme la France), l’élection d’un nouveau gouvernement progressiste sur le sous-continent (Paraguay), etc. C’est pourquoi, il a finalement accepté d’autoriser l’évènement.

Le Sommet des peuples

Organisé par le réseau birégional Enlazando Alternativas (issu du processus des Forums sociaux et composé d’ONG, de syndicats, de mouvements sociaux et politiques des deux continents) qui, depuis 2004, construit un espace de réflexions, de propositions et d’actions pour développer des formes alternatives de coopération en Amérique latine et en Europe et entre l’Amérique latine et l’Europe [1], l’évènement rassemblera des milliers de participants.
D’importantes délégations sont attendues de toute l’Amérique latine, en particulier des mouvements indigènes du Pérou, de la Bolivie et d’Equateur. Diverses organisations européennes seront également représentées.

Une nouvelle session du Tribunal permanent des peuples (créé en 1979) se tiendra le 13 et le 14 mai.
Plus de 90 séminaires autogérés seront présentés pendant ce Sommet. Ils traiteront, dans une dynamique d’échange entre organisations et réseaux d’Amérique latine et d’Europe, de la question de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire, des agrocarburants, de la crise énergétique, de la réappropriation des ressources naturelles, de la question indigène, de la crise colombienne, de la lutte contre les prétentions hégémoniques et guerrières des Etats-Unis, des conséquences des accords d’association et de libre échange, du rôle des entreprises multinationales des pays du Nord, de la question des modèles d’intégration régionale, des droits de la personne humaine, de la question des migrations, de la criminalisation des mouvements sociaux, etc.

C’est dans ce cadre que l’association Mémoire des luttes co-organisera le 13 mai, avec la revue Utopie critique, l’association Espaces Marx et le Forum mondial des alternatives, un séminaire intitulé : « Construire des espaces d’articulation entre mouvements sociaux, partis et actions de gouvernement. Vers l’émergence du post-altermondialisme » (voir le site www.medelu.org).

Dans le cadre d’un dialogue entre Enlazando Alternativas et les gouvernements progressistes d’Amérique latine, une présentation des travaux et des propositions finales du Sommet des peuples sera organisée.

Pour découvrir l’ensemble des activités et toute l’information sur le Sommet de peuples, le Tribunal permanent des peuples et le réseau Enlazando Alternativas : http://www.enlazandoalternativas.org/




[1 « Ce réseau apparaît ainsi comme une application des principes qui ont inspiré le Forum social mondial de Porto Alegre en 2001 : établir des liens entre organisations sociales du Nord et du Sud en vue d’échanger et comparer les approches critiques de la globalisation néolibérale et de permettre d’élaborer des convergences dans les luttes », Denise Mendez, membre de la commission internationale d’Attac France et du Collectif Amérique latine.



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