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Vistalegre 2 : le congrès sous tension de Podemos

Par Christophe Barret

jeudi 19 janvier 2017   |   Christophe Barret
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Les 11 et 12 février, la gauche européenne aura les yeux tournés vers le deuxième congrès de la courte – mais déjà dense – histoire de Podemos. Alors qu’au même moment la convention nationale du Parti populaire (PP) devrait reporter Mariano Rajoy à la tête de son parti, l’« Assemblée citoyenne » de Podemos (« Vistalegre 2 ») s’annonce riche en débats, et peut-être en événements… Différents secteurs d’opinions s’affrontent. Des échanges, la plupart du temps argumentés, nous permettent d’ores et déjà de passer en revue les défis qui attendent ce parti qui a manqué son pari initial : la conquête rapide du pouvoir par la voie électorale.


« Pablistes », « Errejonistes », anticapitalistes…

Depuis 1788, les Français savent que des règles de fonctionnement que se choisit une assemblée dépendent de futurs rapports de forces… Les actuels responsables de Podemos s’en étaient rendu compte, à l’époque de la tenue du congrès fondateur du parti, organisé dans le quartier madrilène de Vistalegre en octobre 2014. Trente-neuf propositions ont donc été récemment soumises aux sympathisants afin de décider de la manière dont seront désormais adoptées les motions et désignés les organes de direction.

De la consultation organisée – entre les 18 et 20 décembre 2016 –, il est ressorti que trois groupes se démarquent. Sur les 99 077 suffrages exprimés [1], 40 830 voix (soit 41,7 % du total) ont été exprimées en faveur du projet « Desborda », soutenu par Pablo Iglesias, 38 419 (39,2 %) pour le texte « Recuperar la ilusión  » porté par Íñigo Errejón et 10 3013 (10,5%) pour l’option avancée par Teresa Rodríguez, ancien membre du parti Izquierda Anticapitalista (IA) [2]. Moins de 2 500 votes ont donc séparé le secteur majoritaire du second, ce qui peut laisser prévoir la cohabitation durable de tendances antagonistes pesant à peu près du même poids. La dureté des affrontements verbaux entre ceux qu’il est désormais convenu d’appeler « pablistes » et « errejonistes », tant dans les grands médias que sur les réseaux sociaux, a aussi surpris tous les observateurs. Une consultationdevant permettre à la base de se prononcer sur les modes de désignation des dirigeants et de savoir s’il fallait coupler l’adoption des motions à l’élection de la nouvelle direction, a révélé de notables divergences.

Les options défendues par Pablo Iglesias – proportionnelle partielle et couplage – l’ont emporté. Mais quelques autres restent en discussion, correspondant à des débats non moins structurants et/ou vitaux pour un parti qui traverse une crise de croissance.


Un débat stratégique et idéologique

Le manifeste « Recuperar la ilusión  » d’Íñigo Errejón réclamait l’adoption des motions avant l’élection de la direction. Cette proposition, si elle avait été acceptée, aurait plus facilement permis à l’éternel second de faire avancer ses idées. Récemment, au cours d’une conférence de presse organisée pour présenter le nouveau livre de son ami chanteur de rap Ricardo Romero (alias « Nega »), La clase obrera no va al paraíso, Pablo Iglesias a cru donc nécessaire de faire une mise au point au sujet de ses options idéologiques. L’enjeu n’est rien moins que la conquête d’une nouvelle « transversalité » au sein de l’électorat [3]. Entre les mots, apparaissent des critiques à l’encontre d’Íñigo Errejón.

S’il ne diverge pas de son bras droit qu’il a longtemps présenté comme le « meilleur idéologue  » du parti et avec qui il d’accord pour enraciner en Espagne un populisme de gauche [4], Pablo Iglesias entend rappeler une priorité : rechercher l’appui des classes populaires, plutôt que celui des classes moyennes… Vieux débat ! Les classes moyennes forment un ensemble flou accepté par les uns et honni par d’autres [5]. Fidèle à la lecture marxiste classique, Pablo Iglesias dit ne saisir, à travers les classes moyennes, qu’un « concept bourgeois  ». Le but prioritaire de toute action est donc de politiser des couches populaires et de ne rien attendre de références qui ne peuvent servir, à terme, que le puissant rival de centre droit Ciudadanos (C’s). De bons résultats ont, du reste, déjà été obtenus sur cette base obtenu en Catalogne avec l’alliance « Catalunya Sí que es Pot  ». Et l’affaiblissement durable des classes moyennes, dans tout le pays, pourrait aussi lui donner raison.

Telle n’est pas l’analyse Íñigo Errejón. Pour ce dernier, il est hors de question de voir Podemos être uniquement réduit, à court et moyen terme, au rôle de « minorité bruyante  » [6]. Avec ce débat, en fait, est ressassée une vieille querelle née à la suite de la contre-performance électorale de juin dernier. L’alliance « Unidos Podemos » (UP) entre Podemos et le parti Izquierda Unida (IU) avait alors recueilli un million de voix de moins que ce qui était attendu [7]. À l’époque, déjà, Íñigo Errejón avait repproché à Pablo Iglesias ce ré-ancrage à la gauche de la gauche marquant un tournant tactique.

D’aucuns estiment que cette radicalisation du discours de Pablo Iglesias n’est que conjoncturelle. Elle viserait, à la veille d’un congrès d’importance, à rassembler la base du parti traditionnellement plus radicalisée que l’électorat moyen. L’avenir nous le dira.

Le peu d’originalité du programme de Podemos prend, dans ce contexte, un relief tout particulier. 


La difficile articulation du « national  » et du « populaire  »

« Une des choses que nous avons apprises de comment se construit la politique à partir de notre expérience en Amérique latine est à quel point sont fondamentaux les mouvements nationaux-populaires. Toutes les révolutions de gauche se sont construites, en dernière instance, à partir de la construction du national et du populaire » a aussi déclaré Pablo Iglesias [8]. Or, en Europe, cette articulation ne semble pas aller de soi. Pablo Iglesias entend y promouvoir la construction de partis post-nationaux, mais il admet aussi l’existence de « difficultés objectives » dans le processus de création de « mouvements politiques de dimension post-nationale » [9].

Le programme politique et économique de Podemos ne semble pas être un levier efficace. « C’était un modeste programme de type social-démocrate », reconnaît par ailleurs l’homme à la queue de cheval [10]. Les défis à relever sont, pourtant, encore nombreux et pourraient aussi nécessiter la mise au point d’un programme tranchant avec celui d’une social-démocratie honnie. Ils ont récemment été réaffirmés par Fernando Luengo, professeur d’économie appliquée à l’université Complutense de Madrid. « Quelques-uns des thèmes qui devraient figurer à l’agenda de l’assemblée citoyenne sont le revenu de base universel, la camisole de force européenne en matière de budget des États, les crise des réfugiés, la répartition du travail, la politique salariale, la réforme du système fiscal, de l’industrie financière, le défi de la soutenabilité, les piliers d’un nouveau modèle productif et entrepreneurial, la redéfinition des relations du travail, la restructuration de la dette, la dépendance énergétique et les politiques d’égalité de genre. Ces thèmes et d’autres doivent être abordés à la lumière de l’expérience accumulée par notre travail dans les institutions et en prenant en compte le fait que la situation économique, sociale et politique est marquée, aussi bien au sein de l’État espagnol qu’en Europe et qu’à l’échelle mondiale par d’intenses et profondes transformations qui requièrent une révision de notre proposition programmatique » [11].

Manolo Monereo, figure tutélaire pour Pablo Iglesias, s’est lui plaint du fait qu’un débat de procédure ait pu empêcher toute discussion de fond. Laura Camargo, porte-parole de Podemos au Parlement des Baléares, ne dit pas autre chose au sujet des impératifs économiques. Pour cette proche d’Íñigo Errejón, le parti devrait mieux se préparer à une possible confrontation à venir avec les célèbres « hommes en noir  » des institutions européennes, qui ont tant sévi dans l’Europe du sud. La jeune responsable se pose ainsi comme l’une des rares dirigeantes de Podemos à s’inquiéter aujourd’hui publiquement de la tournure que prennent les événements en Grèce [12]. Dans ce domaine, aussi, les tensions ravivent des débats anciens [13].

Podemos n’est donc pas prêt d’inscrire la défense d’intérêts strictement nationaux face à l’orthodoxie promue par les institutions européennes et qui étaient devenues l’alpha et l’omega des politiques social-démocrates. « A plusieurs reprises, nous avons connu un excès de fascination pour notre propre hypothèse et approche, alimenté par notre succès initial. » [14] Or, comme le rappelait récemment Chantal Mouffe devant Jean-Luc Mélenchon, la théorie populiste ne peut nullement être tenue pour un programme politique [15]. On pourrait ajouter qu’elle ne dispense pas d’en avoir un. Faute d’une plus grande prise de conscience, Podemos court bien le risque de n’apparaître aux yeux de l’Histoire que comme un simple exemple de réussite en matière de marketing politique. Et le goût de Pablo Iglesias pour les « batailles symboliques  » typique du combat gramscien peut encore nuire à une prise de conscience prochaine.

Le corollaire du manque de réflexion au sujet de l’essentiel est, aussi, la polarisation des débats autour de l’accessoire.


La reconnaissance des courants

Íñigo Errejón, il y a peu, a utilisé le terme de « courant » pour désigner le secteur d’opinion du parti qu’il représente [16]. Et c’est à Madrid, cœur historique du mouvement, que la tension s’est avérée être la plus forte. Au cours de la première phase de croissance de Podemos, et alors que Pablo Iglesias bataillait au Parlement européen, Íñigo Errejón y avait façonné un appareil où certains de ses proches – telle Rita Maestre – se sont naturellement retrouvés. La destitution, le 24 décembre 2016, de José Manuel López par Ramón Espinar, un proche de Pablo Iglesias, de sa charge de porte-parole de Podemos dans la région capitale est le dernier moment fort de ces affrontements dont on a du mal à distinguer les causes. D’autres épisodes de tensions ont, du reste, accompagné les débats autour de l’indépendance jugée parfois insuffisante de la commission des garanties – ou commission d’éthique – de Podemos. Un autre temps fort a aussi été la démission collégiale d’autres proches d’Íñigo Errejón [17]. Aux accusations de « purges » lancées par les uns répondent celles de « divisions  » proférées par les autres, comme dans un engrenage infernal.

Un risque de personnalisation du conflit né entre Pablo Iglesias et Íñigo Errejón existe bel et bien. Le premier aime faire référence à ses années d’adolescence dans les quartiers populaires. Le second, fils de haut fonctionnaire, certes fondateur d’IA, ne peut pas se vanter d’une même origine [18]. Les accusations lancées ad hominem par les partisans de Pablo Iglesias à l’encontre d’Íñigo Errejón au moyen du « hashtag » # ÍñigoAsíNo (« Pas comme ça, Íñigo ») peuvent, à cet égard, laisser présager du pire. Quand bien-même Iglesias ait récemment présenté ses excuses au public… mais pas à Íñigo Errejón.

La cristallisation des secteurs d’opinions en authentiques courants pourrait être accélérée du fait d’autres événements. Pablo Iglesias a installé, l’automne dernier, sa propre équipe de conseillers. Cette « Unidad de Analisis » marginalise, de fait, tant Jorge Moruno, en charge du discours, qu’Íñigo Errejón, pour l’heure toujours secrétaire politique de Podemos et co-porte-parole du groupe UP au Congrès des députés [19]. Fait tout aussi important, pouvant être considéré comme l’illustration de la mise en place d’une politique des faits accomplis : l’inscription d’ « Unidos Podemos  » par Pablo Iglesias au registre des partis politiques du ministère de l’intérieur. Simple précaution pour protéger le nom de l’alliance conclue avec IU ? Ou premier pas dans la voie de la construction d’un nouveau parti bien ancré à la gauche de la gauche ? L’information a été jugée suffisamment révélatrice des errements actuels pour être dévoilée par la revue Info Libre [20].


Tableau : Les protagonistes

 

Secteur « errejoniste »

Secteur « pabliste »

Secteur « anticapitaliste » [21]

Principales figures

Rita Maestre, porte-parole de la municipalité de Madrid

Juan Carlos Monedero, professeur de sciences politiques

Teresa Rodríguez, ex-députée européenne et responsable de Podemos en Andalousie

Jorge Moruno, chargé du discours

Ramón Espinar, sénateur, responsable de Podemos dans la communauté de Madrid

José María Gonzáles, dit Kichi, maire de Cadix

Pablo Bustinduy, chargé de l’international

Irene Montero, porte-parole de Podemos au Congrès des députés

Raúl Camargo, responsable du secrétariat politique de Podemos Madrid et élu régional

Jorge Lago, chargé de la culture et directeur de l’Institut 25M

Juan Manuel del Olmo, membre du conseil citoyen et député de Valladolid

Miguel Urban, député européen

Alberto Montero, représentant d’UP à la commission des affaires économiques et président de la commission de l’emploi. Secrétaire général de Podemos à Malaga

Laura Casielles, responsable de l’analyse des médias

 

Clara Serra, en charge du secrétariat à l’égalité du parti

Noemi Satana, en charge de la politique de l’insularité

 

Une douzaine de députés, dont Tania Sánchez et Sergio Pascual (ex-secrétaire à l’organisation, remplacé par Pablo Echenique)

Les députés Isabel Franco, responsable de l’ « Area de politica para una vida digna ».

 

Germán Cano, membre du conseil national

Ione Belarra, en charge de la question des migrations

 

José Manuel López, porte-parole de Podemos à l’assemblée de Madrid

Sandra Mínguez, en charge de l’éducation

 

Miguel Ardanuy, en charge de la participation citoyenne et député de Madrid

Ariel Jerez, en charge de la mémoire historique au sein du Parti

 

Santiago Alba Rico, philosophe et écrivain

 

 


L’apprentissage du travail parlementaire

Íñigo Errejón a récemment déclaré que les trois premières années de Podemos lui ont paru être « des décennies ».

Une chose ne semblait pourtant pas être remise en cause au cours de celles-ci : l’acceptation du jeu parlementaire. Or, rien ne semble plus aller de soi tandis que les lignes bougent entre les différents partis politiques. PP et PSOE s’acheminent vers le renforcement d’une alliance tacite qui pourrait durer toute la législature. C’est ce que semblent annoncer quelques accords au sujet de financement des régions, la hausse modeste du salaire minimum et des discussions autour d’une réforme constitutionnelle. Or, Pablo Iglesias a récemment mis en garde ses compagnons contre un « excès de parlementarisme ». Le travail des élus nationaux devrait être prioritairement articulé aux luttes sociales en cours. Rien de moins cohérent avec ses thèses sur la construction d’un peuple [22].

De leur côté, Íñigo Errejón et ses proches insistent sur le fait que l’alliance « Unidos Podemos » réunit déjà 71 députés. Elle est également présente dans treize parlements régionaux. Si l’on s’en tient à la lettre de la Constitution, la fraction de la représentation nationale maintenant aux mains de Podemos est en mesure d’imposer un recours au référendum face à tout projet de réforme constitutionnelle d’importance. Un débat de fond, lors du prochain congrès, doit aussi éclairer l’action au sein des institutions et clarifier la nature des liens à entretenir avec les élus d’IU et du PSOE.

« Vistalegre 2 » ne suffira peut-être pas à apaiser tous les débats. Mais, en Europe, l’exigence de plus de « démocratie », de « justice sociale » et de « souveraineté » restent plus que jamais d’actualité. Pour tous, la première urgence pourrait être d’abandonner, une fois pour toute, la posture confortable de l’éternel opposant.




[1En conformité avec les statuts du parti, et un peu dans l’esprit d’une primaire à la française, le scrutin qui s’est déroulé du 18 au 20 décembre 2016 était ouvert aux adhérents et à tous les inscrits enregistrés sur le site internet de Podemos.

[2Chiffres consultés sur le site de Podemos : https://podemos.info/decide-el-sistema-de-votacion-resultados/

[4Voir notre premier entretien avec Christophe Ventura sur Mémoire des luttes : https://www.youtube.com/watch?v=TqUqnwD9lss

[5Sur les débats autour de la question des classes, on pourra se reporter à l’utile mise au point publiée sur le blog de Bertrand Renouvin : http://www.bertrand-renouvin.fr/les-classes-moyennes-en-peril/

[6C’est ce qu’il confie, en substance, dans son commentaire du scrutin préparatoire au congrès de décembre 2016 : https://www.youtube.com/watch?v=DJm-c7cIKIM&feature=youtu.be

[7Sur les débats du printemps 2016, consulter mon article « Podemos, le tournant tactique » : http://www.medelu.org/Podemos-le-tournant-tactique

[8Déclaration faite au cours de l’entretien déjà cité à La Marea , consulté le 21 décembre 2016 : http://www.lamarea.com/2016/12/21/pablo-iglesias-carlos-marx-preferiria-eje/

[9Propos tenus à la fin du même entretien.

[10Déclaration faite au cours d’un entretien accordé à la revue La Marea et disponible en ligne : http://www.lamarea.com/2016/12/21/pablo-iglesias-carlos-marx-preferiria-eje/

[13Chapitre « Ambiguïtés programmatiques » dans Podemos. Pour une autre Europe, Christophe Barret, Les Editions du Cerf, Paris, 2015.

[15Voir le dialogue « L’heure du peuple » organisé par Mémoire des luttes entre Chantal Mouffe et Jean-Luc Mélenchon (22 octobre 2016) : http://www.medelu.org/L-heure-du-peuple

[16Ce rapprochement est fidèlement décrit dans cet article de la revue en ligne Ctxt : http://ctxt.es/es/20161221/Politica/10199/Podemos-Vistalegre-Iglesias-Errejon-anticapitalistas-proporcionalidad.htm

[17Voir l’article « Miembros del órgano de garantías de Podemos lo tildan de parcial y opaco  » publié dans l’édition internationale de El País, le 9 décembre 2016. Sur la vieille défiance de Juan Carlos Monedero pour les théories populistes importées d’Amérique latine par le jeune Errejón, Podemos. Pour une autre Europe, p. 53.

[18Idem, p. 40.

[19L’information a été révélée par Daniel Ríos dans un article en ligne de la revue Info Libre : http://www.infolibre.es/noticias/politica/2016/12/05/iglesias_equipo_errejon_secretaria_general_58390_1012.html

[21Le plus ancien des trois. La plupart de ses membres appartenaient au parti IA, qui accepte de se fondre dans Podemos après le premier congrès de Vistalegre.

[22Quelques grands médias opposent déjà la figure d’un Errejón, jugé plus fréquentable, à celle d’un Iglesias plus intransigeant et dogmatique. L’errejoniste Alberto Montero se fait volontiers propagandiste de cette hypothèse (voir, à ce sujet, son entretien publié dans l’édition internationale e El País du 5 décembre 2016 : « Donde realmente se cambian las cosas es en las instituciones ».



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