La terre, l’eau, les gobelets de café, le camion… « Avant, ces terres appartenaient à un grand propriétaire ». Un groupe de paysans, la lutte a commencé. Hommes et femmes ensemble. « Les fourmis débarquent en force », au propre et au figuré. Ainsi sont nées certaines Communes, des Andes aux côtes centrales ou aux terres de l’Etat de Miranda.
Chávez l’avait promu : « La Commune ou rien ! » Pêcheurs, cultivateurs de café, de canne ou de cacao, les « chavistes » s’y sont mis. Il existe à présent près de 5 000 de ces Communes, appuyées sur 49 000 conseils communaux.
Documentaire, le film de Thierry Deronne et Victor Hugo Rivera plonge dans cet univers insolite, pour ne pas dire avant-gardiste, d’autogouvernements populaires que soutient… l’Etat (bolivarien). Attention : « Nous ne disons pas que tout est parfait, non ! » Mais ici, entre école agro-écologique et gestes lents mais efficaces des paysans « communards », ici, dans le brouhaha des conversations avec les camarades de la Brigade internationaliste du Mouvement des sans terre brésilien, ici, on chante, on évoque Paulo Freire ou Che Guevara, on réfléchit – « La Commune est une école pour nous gouverner nous-mêmes » –, on élève la voix : « Participons, c’est dans la Constitution. »
Ah, oui, un détail encore : dans ce documentaire, on reconnaît sans peine l’ « Ecole Thierry Deronne ». Cinéaste et universitaire belgo-vénézuélien, Deronne vit et travaille au Venezuela où il a fondé, outre deux télévisions communautaires, une Ecole populaire et latino-américaine de cinéma. Co-réalisateur, Victor Hugo Rivera travaille et enseigne depuis de longues années au sein de cette « Escuela Popular ». On retrouve donc la « patte » et la philosophie de Deronne dans ce document. Pas de voix off, pas d’exposés intempestifs, pas de ces commentateurs en lévitation qui font le bonheur des médias et le malheur des citoyens en quête d’information. C’est, en « brut de décoffrage », une plongée au cœur des communautés, dans la réalité d’hommes et de femmes de chair et d’os plongés dans un processus politique, mais aussi dans le quotidien. Au spectateur de s’imprégner du décor, de l’ambiance, de l’action, des conversations captées et, sans parasitage aucun, d’en percevoir le sens profond. Lequel, au fil des séquences, imprègne, diffuse et s’impose, car il y a et de l’amour et de l’engagement dans la caméra. C’est un don, un talent, quelque chose comme ça.
Au mois de mars le documentaire sera projeté en France, en présence d’un des deux réalisateurs, Victor Hugo Rivera, venu du Venezuela :
BORDEAUX : le samedi 22 mars à 17h20 et le lundi 24 mars, à 16 heures, au cinéma Jean Eustache, à Pessac, dans le cadre du Festival « Rencontres du Cinéma Latino-américain ».
NANTES : le jeudi 27 mars, à 18h30, à la Bibliothèque Paul Eluard, 32, Avenue des Plantes, 44800 Saint-Herblain ; Tél : 06-65-57-43-65.
PARIS : le vendredi 28 mars, à 19 heures, à l’Union locale CGT, 42, rue de Clignancourt, Paris 18e.
MARSEILLE : le samedi 29 mars, à 15 heures, à la Maison de la Commune, 9, rue Saint-André, 13014 Marseille (organisé par l’URC et le Cercle Manouchian).