Le livre de Salim Lamrani intitulé Cuba, ce que les médias ne vous diront jamais [1], est sorti depuis un an. On pourrait croire qu’il est un peu tard pour l’évoquer. Mais comme il n’est pas démodé et qu’il n’a pas été écrit pour concourir à un quelconque prix de la critique, qu’il n’aura jamais au demeurant, il n’est pas inutile de le présenter à ceux qui ne l’ont pas encore eu entre les mains.

Rarement un titre aura aussi bien rendu compte du contenu des treize chapitres d’un livre dense et argumenté qui aborde les principales questions dont on ne parle jamais, ou dont on parle si mal dans les médias ultra-dominants. Infatigablement, méthodiquement, intelligemment, l’auteur accumule les preuves des mensonges, analyse les dessous des silences, rétablit les faits au sujet de ce que les médias disent, ne disent pas et ne diront jamais à propos de Cuba.

Salim Lamrani passe en revue des questions aussi décisives et polémiques que la politique de l’Union européenne qui nie, de fait, le droit de Cuba à l’autodétermination ; le nombre de Cubains victimes du terrorisme étatsunien ; le mythe du million de Cubains « exilés » ; l’orchestration depuis la Floride du sombre manège des « dames en blanc » ; les élucubrations de Reporters sans Frontières et son financement douteux, etc.

Des explications fondamentales sont données, dont la valeur est loin d’être passagère. Je lisais voici peu un reportage à La Havane d’une envoyée spéciale du Journal du dimanche (24 octobre 2010). Reportage intéressant qui montre l’émoi de certaines couches de la population de l’Île à l’annonce des sévères mesures envisagées pour redynamiser une économie essoufflée. Nombre d’affirmations y sont discutables, mais les problèmes posés sont réels. En revanche, l’encadré qui prétend éclairer l’enquête de terrain confirme de façon caricaturale ce que Salim Lamrani a dénoncé. Pas un mot sur le blocus ! Pas un mot sur le boycott des marchés financiers ! Pas un mot sur les milliers d’humanitaires cubains présents en Amérique latine ! Pas un mot sur les Cinq de Miami !

Ce livre nous apporte des armes d’une grande précision dans la bataille idéologique. Il faut en remercier l’auteur et aussi le féliciter pour le succès universitaire qu’il vient de remporter : l’Université de Paris-Sorbonne l’a fait docteur pour une remarquable thèse intitulée : De Fulgencio Batista à Fidel Castro : Cuba et la politique étrangère des Etats-Unis, 1956-1959. On en reparlera.