Lectures

Jean Jaurès
Discours en Amérique latine

Préface de Jean-Luc Mélenchon

mardi 5 octobre 2010
Lecture .

Du nouveau chez Jaurès, est-ce possible ? Oui.

Épisode peu connu de sa vie, de mi-juillet à fin octobre 1911, Jean Jaurès se rend au Brésil, en Uruguay et en Argentine. Ce fut son unique grand voyage à l’étranger. Dans ces trois pays, il donne des conférences publiques qui ont un grand succès.

Seules les huit conférences prononcées à Buenos Aires en Argentine avaient été immédiatement traduites et publiées en espagnol, mais jamais en français. Jaurès y développe des notions fondamentales de sa pensée dans « La politique sociale en Europe et la question de l’immigration », et « L’organisation militaire de la France », ou plus philosophique dans « Civilisation et socialisme ».

Par la qualité de ces conférences, ce voyage est un moment important dans l’œuvre de Jaurès. En fait, chacun de ces textes est une contribution à la réflexion universelle : comment bâtir une nation ?

Dans son commentaire, Jean-Luc Mélenchon montre l’actualité du message de Jaurès quand l’identité républicaine de la France est mise en cause.

Réalisé par des militants du Parti de Gauche, cet ouvrage propose pour la première fois la publication en français de toutes ces conférences, en expliquant les conditions de ce voyage. Des photos de Jaurès en Amérique latine, jusque-là inédites en France, y sont aussi présentées


Note de lecture

Jaurès en Argentine

Par Guillaume Beaulande

« Je crois qu’éteindre dans le coeur des hommes la flamme de l’enthousiasme représente un danger et que si (...) nous tuons aussi la force de l’idéal qui anime le poète et la force de l’espoir qui soulève les travailleurs, nous courrons le risque d’avoir une société sans âme, sans courage, sans feu.  »

En ces temps d’ostracisme systématique des intellectuels par les faiseurs de « pensée unique », dans une société où l’on a tué l’espoir, les discours de Jean Jaurès, prononcés à Buenos-Aires en 1911 lors de son voyage en Amérique latine, nous insufflent une détermination nouvelle. Tenus en français, transcrits en espagnol, puis restitués dans leur langue d’origine, ces propos sont rassemblés dans un ouvrage préfacé par Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche [1].

Alors qu’aucun enregistrement ne subsiste de sa voix qu’Alain qualifiait « d’une politesse douce et chantante », ses paroles s’armaient soudain, toujours selon lui, « de cette dialectique métallique, de ce rugissement, voix du peuple lion ». Ces discours sur l’immigration, la paix, le mouvement ouvrier et le socialisme, entre autres, font vibrer une corde trop souvent oubliée : celle du courage.

A travers ces démonstrations où l’idée d’une République laïque et sociale fulmine, Jaurès revient nous dire que le combat n’est pas vain. Le cynisme, l’attentisme et le désespoir soupirent et succombent devant la force du penseur.




[1Jean Jaurès, Discours en Amérique latine 1911. Préface de Jean-Luc Mélenchon, coll. « Politique à gauche », Bruno Leprince, Paris, 2010, 8 euros.