Actualités

Ces socialistes qui méritaient aussi le Prix de la Carpette anglaise 2011…

vendredi 23 décembre 2011   |   Bernard Cassen
Lecture .

On savait que le Prix de la Carpette anglaise 2011, décerné le 15 décembre dernier, avait fait l’objet d’une compétition acharnée, remportée de haute lutte par Jean-François Copé. De toute évidence, les états de service du secrétaire général de l’UMP le qualifiaient pleinement pour cette distinction très recherchée par les membres de la France d’en haut.

 

 

 

 

 

Certains se sont cependant demandé si, pour ne pas prêter le flanc à l’accusation de favoritisme, le jury n’avait pas écarté dès le départ deux autres candidatures de très haut niveau : celles de Dominique Strauss-Kahn et de François Hollande. Le Prix 2010 avait en effet été attribué à la première secrétaire du Parti socialiste (PS), Martine Aubry, pour sa promotion du « care » et pour ce questionnement qui donne le vertige : « What would Jaurès do ? ». Il pouvait paraître délicat d’honorer deux années de suite des dirigeants de la même formation politique.

Cet hommage à l’alternance PS/UMP force le respect, mais on ne nous empêchera pas de penser qu’il ne rend pas justice aux mérites de l’ancien directeur général du FMI et au candidat du PS à l’élection présidentielle.

Avec son « Yes we Kahn », Dominique Strass-Kahn s’inscrivait dans une prestigieuse trajectoire qui avait mené Barack Obama à la Maison Blanche et qui l’aurait lui-même conduit à l’Elysée s’il n’avait trop fréquenté certains hôtels de luxe.

Quant à François Hollande, le slogan « H is for Hope » imprimé, avec son portrait, sur sa ligne d’élégants maillots (communément appelés T-shirts en français) garantit que la campagne présidentielle abordera enfin les problèmes de fond. On notera au passage que le candidat s’est d’emblée placé dans une posture de rassemblement : tout comme Lionel Jospin qui avait déclaré en 2002 que son programme n’était pas socialiste, « H » n’ a pas seulement fait fabriquer des maillots roses. Il y en a de toutes les couleurs.

A côté de ces deux personnalités qui ont bien compris que les affaires du monde - et celles de l’Europe et de la France en particulier - devaient se traiter dans la langue de Wall Street et de la City, le grand argentier de Bercy, François Barouin, fait pâle figure et ne rehausse pas le prestige international de son pays. Dans L’Express daté 21 décembre-3 janvier (page 18), il nous fait part de son lâche soulagement en constatant, sans le déplorer, « l’utilisation raréfiée de l’anglais entre les ministres de l’économie et des finances de la zone euro. Si les politesses d’usage sont toujours exprimées dans la langue de Shakespeare, chacun use de sa langue maternelle dès que les discussions sérieuses commencent ». Est-ce que François Barouin a bien conscience qu’il avait ainsi naufragé ses chances de remporter le Prix de la Carpette anglaise 2012 ?





A lire également