Gilles Raveaud, économiste et maître de conférences à l’Institut d’études européennes (université Paris 8), dans lequel a également enseigné Bernard Maris, a consacré à celui qui était non seulement son collègue, mais aussi un maître et même un père spirituel, ce très beau livre, illustré par les dessinateurs Coco, Félix, Juin, Riss, Vuillemin et Willem.
Le titre se veut un clin d’œil à la démarche de Bernard Maris qui, sa vie durant, s’était acharné à mettre à la portée de tous une « science économique » dont il récusait la prétention scientifique – « science au mieux de l’incertitude », disait-il – dénonçant la mathématisation, « instrument de terreur » et procédé d’exclusion du peuple. Pour lui, l’économie n’était rien de plus qu’un « discours » qu’il s’évertuait à déconstruire et à démystifier, enl’extrayant de sa gangue idéologique et académique.
Dans une langue alerte, non dénuée d’humour, Gilles Raveaud, après avoir rappelé le parcours universitaire et intellectuel de Bernard Maris, expose les principales prises de position de cet économiste « citoyen » profondément hétérodoxe. Pour Bernard Maris,« parler d’économie c’était parler de l’homme, de la vie des gens, de ce dont les gens ont besoin ». L’économie devait rester une science sociale, qu’il confrontait sans cesse à « la science politique ou à la sociologie mais aussi, à la psychologie, à la psychanalyse, à la littérature, à l’art ».
Contestant le libre marché et la concurrence, qui sont tout sauf libres, le règne de l’argent et de l’individualisme, la croissance et la mondialisation dite « heureuse », il rappelait sans cesse que l’économie est aussi le discours du pouvoir.
En quelque 300 pages, Gilles Raveaud passe en revue le testament économique de Bernard Maris, à travers la vingtaine d’ouvrages et les très nombreuses chroniques dans la presse et aussi sur les ondes qu’il nous a légués.
Gilles Raveaud, Bernard Maris, expliqué à ceux qui ne comprennent rien à l’économie, Les Échappés, Paris, mars 2017, 300 pages, 17 euros.