Parce que la crise a jeté dans la pauvreté des millions de nos concitoyens, nombre d’entre eux s’adonne aujourd’hui à la récupération d’objets, notamment dans les poubelles, se transformant alors en vendeurs de rue. En France, ces récupérateurs vendeurs sont qualifiés de biffins.
« De seconde main » observe d’abord le fonctionnement du Carré des biffins, un marché de rue porté par une association de travail social dans un partenariat original avec un collectif de biffins militants et une collectivité territoriale. Ensuite, ce texte interroge l’efficacité et la légitimité du travailleur social s’agissant de l’insertion professionnelle de ces récupérateurs vendeurs, dans un projet qui peine finalement à changer la donne. La proposition est alors faite de penser ce dispositif comme un accompagnement du biffin en tant que sujet collectif et non pas individuel dans la quête d’une reconnaissance statutaire de son activité.
Au-delà de cette action, ce texte remet en cause la pertinence d’un travail social de plus en plus mal mené, en s’appuyant sur les résistances de la profession à adapter ses cadres de pensée et d’intervention aux nouveaux traits sociologiques de la précarité en France.
« De seconde main » ne s’adresse pas seulement aux travailleurs sociaux, mais à tous les acteurs, qu’ils soient militants, élus, chercheurs ou formateurs, en quête de solutions viables pour améliorer le sort de ceux qui sont plongés dans les affres de la crise et de la souffrance quotidienne qu’elle engendre.
Yvan Grimaldi, Pascale Chouatra, « De seconde main » – Vendeurs de rue et travailleurs sociaux face à face dans la crise, aux éditions de l’Harmattan, Les écrits de BUC ressources, Paris, octobre 2014, 249 pages, 25 euros.