La mondialisation a considérablement modifié la configuration et la marge de manœuvre des mouvements syndicaux, au Sud comme au Nord. Le chômage de masse, la précarisation généralisée de l’emploi et la montée du travail informel, le retour en force du capital, plus mobile et plus fluide, les politiques répressives ou néolibérales antisyndicales, le morcellement et l’éclatement des statuts des travailleurs combinent leurs effets et obligent les syndicats à s’adapter.
Au processus mondial de réorganisation et d’unification – notamment avec la création de la Confédération syndicale internationale (CSI) qui représente quelque 175 millions de travailleurs et travailleuses dans 160 États et territoires – correspondent des situations contrastées dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Loin d’y avoir disparu, la conflictualité syndicale a plutôt muté, s’est déplacée, en fonction entre autre de sa fragmentation ou de sa force, de la répression dont elle est l’objet ou de son institutionnalisation, de ses choix stratégiques.
Les luttes syndicales au Sud sont confrontées à de nombreux défis. L’autonomie et les droits syndicaux y sont régulièrement violés ou détournés. L’économie informelle et les formes de travail « atypiques » sont importantes, sinon dominantes, dans la majorité des pays. Le dialogue social entre employeurs, États et syndicats, quand il existe, se réduit souvent à gérer les dégâts de la crise. Une des questions stratégiques essentielles qui se pose dès lors est le type d’alliance à construire avec les autres mouvements sociaux et/ou avec les gouvernements ?
Frédéric Thomas, État des résistances dans le Sud. Luttes syndicales, aux éditions CETRI Syllepse, Paris, 241 pages, 13 euros.