Toujours rebelle, l’Amérique latine ? L’analyse pays par pays donne les clés pour répondre. Pour comprendre aussi, avec distance critique, les ressorts de la contestation, les logiques des mobilisations, le renouvellement des revendications. Les formes oscillent entre singularités nationales et tendances continentales.
La couleur des pouvoirs – conservateurs ou progressistes – et l’orientation des politiques – libérales ou souverainistes – surdéterminent le ton des mouvements sociaux. Face à la poussée « extractiviste » qui a boosté les économies nationales, de droite comme de gauche, en période d’enchérissement des matières premières, la protestation ne s’est pas unifiée. Elle s’est manifestée tantôt pour la redistribution des gains, contre la pauvreté et les écarts sociaux ; tantôt pour le buen vivir et le respect de l’environnement, contre l’accaparement des territoires et des ressources. L’enjeu s’impose comme le principal facteur de division des « gauches sociales » latino-américaines, sur fond de crise du « socialisme du 21e siècle » et de retour des oligarchies à la tête de plusieurs États.
Luttes contre l’ordre établi, mises en cause syndicales du néolibéralisme, voire du capitalisme, résistances indigènes au saccage des forêts, expressions citoyennes antiracistes, alternatives pratiques au modèle de développement dominant, affirmations féministes, dynamiques sociales et politiques émancipatrices, actions en faveur de la démocratisation des institutions et des sociétés… l’agitation rebelle n’a pas fini de hanter le continent des inégalités extrêmes.
État des résistances dans le Sud : Amérique latine, coordonné par Bernard Duterme, aux Éditions Syllepse - Centre tricontinental, Bruxelles, décembre 2017, 185 pages, 13 euros.