Ernesto Laclau, disparu au mois d’avril 2014, est reconnu aujourd’hui comme l’un des noms les plus importants de la philosophie politique de la fin du XXe et début du XXIe siècle. Ce colloque, conçu à la fois comme un hommage au penseur et à son oeuvre et comme la poursuite de débats qui étaient déjà en cours au moment de sa disparition, réunira à Paris quelques-uns des ses principaux interlocuteurs en France (Balibar, Negri, Rancière, Vergès), aux États-Unis (Butler, Fraser) et en Argentine (H. Gonzalez) et compte aussi sur le soutien de son épouse, la politologue et philosophe, ancienne directrice de programme au CIPh, Chantal Mouffe. Ernesto Laclau a écrit des ouvrages vite devenus des références sur le plan international des débats concernant l’hégémonie, le populisme et l’émancipation, trois concepts-clés de sa réflexion. Pourtant, il n’a reçu qu’un accueil très faible de la part de la philosophie institutionnelle française et est resté méconnu du grand public. Ses thèses, originales et souvent provocatrices, justifient l’intérêt suscité par son oeuvre et rendent compréhensible le fait que quelques-uns des noms évoqués soient devenus des interlocuteurs réguliers de Laclau (on citera aussi Critchley et Žižek). Il convient d’y ajouter aussi l’implication citoyenne de Laclau dans les débats en cours, notamment en Argentine, son pays natal qu’il a quitté au début des années 1970 pour poursuivre ses études avec E. Hobsbawm, à Oxford. L’activité qu’il a développée sur place, et de façon plus large dans toute l’Amérique du Sud, l’ont rendu un intellectuel familier du public de langue espagnole, reconnu pour ses contributions théoriques, notamment au cours des dix dernières années. L’influence de sa philosophie fut grande sur les études postcoloniales, decoloniales et subalternistes de différentes origines, ainsi que comme inspiration dans les nouveaux mouvements populistes de gauche d’Europe du sud en ce moment même. Aussi la présence de penseurs argentins lors de ce colloque procurera-t-elle l’occasion de revenir sur les contributions que les épistémologies du sud sont susceptibles de fournir aux débats politiques qui se déroulent en France et en Europe, portant entre autres sur un populisme de gauche que Laclau appelait de ses voeux.
Comité d’organisation : Nancy Fraser, Ghislaine Glasson Deschaumes, Rada Iveković, Roberto Nigro, Diogo Sardinha, Françoise Vergès, Patrice Vermeren
Mardi 26 mai 2015, 9h -18h, Amphithéâtre
Fondation Maison des Sciences de l’Homme – 190, avenue de France 75013 Paris
Mercredi 27 mai 2015, 9h30 -18h, Auditorium
Maison de l’Amérique latine – 217, boulevard Saint-Germain 75007 Paris
Informations : Tél. : 01 44 41 46 80 — www.ciph.org — www.facebook.com/ciphilo
Colloque coorganisé par Collège international de philosophie, Université Paris 8 (LLCP et Département de philosophie), Fondation Maison des Sciences de l’Homme, Maison de l’Amérique latine, Collège d’études mondiales, et avec le soutien de l’Ambassade d’Argentine en France.