Au Venezuela, les citoyens ont répondu à leur manière à Barack Obama qui, à la veille des élections régionales du 16 décembre, avait fustigé sur une chaine de télévision américaine « les politiques autoritaires de Chavez par le passé, sa répression des opinions contraires ». Il avait en outre précisé, comme si ce n’était pas actuellement le cas, que « l’avenir du Venezuela doit être entre les mains du peuple vénézuélien ». Le peuple vénézuélien l’a pris au mot : sur les 23 Etats que compte le pays, 20 seront désormais dirigés par des gouverneurs issus du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), la formation politique du président.
La coalition de l’opposition réunie au sein de la Table de l’unité démocratique (MUD) perd quatre Etats par rapport aux élections régionales de 2010 (Carabobo, Nueva Esparta, Táchira, Zulia). Deux de ces Etats sont particulièrement stratégiques. L’Etat de Zulia est le plus peuplé du Venezuela et celui où se concentre la majeure partie de l’industrie pétrolière, autour du golfe du Venezuela et du lac de Maracaibo. Avec cette victoire et celle remportée dans l’Etat de Tachira, la Révolution bolivarienne conquiert deux Etats limitrophes de la Colombie. C’est par eux que transitent les trafics en tout genre (principalement la contrebande d’essence et de bétail), ainsi que les incursions de paramilitaires colombiens. En reprenant le contrôle de ces territoires, la Révolution bolivarienne va pouvoir mettre un terme à une hémorragie économique et commerciale contre laquelle les gouverneurs précédents n’avaient guère fait d’excès de zèle… Par la même occasion, elle va renforcer la sécurité d’une zone frontalière particulièrement sensible.
La principale leçon de la victoire des candidats du PSUV (même si le taux d’abstention s’est élevé à 46 %) est que la Révolution bolivarienne est solidement implantée dans la population, que la plupart de ses acquis sont difficilement réversibles, et qu’elle n’est donc plus entièrement liée au destin d’un seul homme, si exceptionnel qu’il soit. De La Havane où il se remet de sa quatrième opération, après avoir – à toutes fins utiles – désigné Nicolas Maduro comme celui qui devrait lui succéder en cas d’incapacité d’exercer ses fonctions, Hugo Chavez trouvera dans les résultats de ce scrutin un puissant motif de satisfaction et – on le lui souhaite – une motivation supplémentaire pour une prompte guérison.