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Vers un test d’anglais pour les candidats à l’Elysée ?

Par Bernard Cassen

dimanche 29 janvier 2017   |   Bernard Cassen
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On sait qu’il faut 500 parrainages d’élus pour se présenter à la présidence de la République. A en juger par l’attitude de certains candidats, il semblerait que ce filtre ne soit pas suffisant : il devrait être complété par un test de connaissance de la langue anglaise. C’est du moins le sentiment que l’on a pu avoir lors du débat du 25 janvier entre Benoît Hamon et Manuel Valls pour la désignation du représentant de la « Belle Alliance populaire » – en fait, du Parti socialiste et de ses satellites – à la course à l’Elysée. Rappel des faits.

Vers la fin de l’émission, le présentateur a posé aux deux concurrents cette question d’un téléspectateur : « Parlez-vous anglais ? ». La réponse logique aurait dû être : Quel rapport avec l’élection du président d’un pays dont la Constitution stipule, dans son article 2, que « la langue de la République est le français » ? Mais, au lieu de faire ce rappel élémentaire, les deux candidats ont voulu montrer leur maîtrise de la langue de Donald Trump et Theresa May, avec un net avantage pour Benoît Hamon qui, à l’intention des ignares, a même précisé que « fluently » signifie « couramment ». Manuel Valls, lui, a dit dans un anglais approximatif qu’il parlait bien l’espagnol. Il aurait pu ajouter le catalan.

Implicitement, tant la chose leur paraissait évidente, les deux aspirants à la fonction suprême ont cautionné l’idée reçue selon laquelle il existerait une – et une seule – langue « internationale », l’anglais, et que sa connaissance serait un critère de sélection des dirigeants politiques nationaux. Sur ce sujet, il serait intéressant d’avoir l’avis, entre autres, de Vladimir Poutine et de Xi Jinping. Auraient-ils le courage de passer le test et d’affronter, en anglais, un président français ? Ou, toute honte bue, se replieraient-ils l’un sur le russe et l’autre sur le chinois en ayant recours à des interprètes ?

La gauche est traditionnellement internationaliste et cela devrait se refléter symboliquement dans ses actions publiques. La distinction entre internationalisme et anglomanie semble cependant avoir échappé à Benoît Hamon qui ouvre ses meetings en musique avec Prayer in C de Lilly Wood & The Prick et les clôture avec Can’t Hold Us de Macklemore. NI Marseillaise ni Internationale… Il n’est pas venu à l’esprit de ses conseillers de sortir de l’atlantisme des sons, et d’élargir leur répertoire musical à des paroles et des airs brésiliens, cubains, algériens, congolais … et même français !

Il existe au moins une convergence entre les finalistes de la primaire socialiste et le candidat « ni gauche ni droite » Emmanuel Macron : l’ancien banquier d’affaires, business oblige, considère que tous les gens qui comptent, et indépendamment de leur nationalité, parlent et comprennent l’anglais. C’est donc dans cette langue, « pour se faire comprendre de tout l’auditoire », et non pas en allemand ou en français avec traduction simultanée, qu’il a prononcé le 10 janvier dernier une conférence à l’université Humboldt de Berlin. Tout le contraire du général de Gaulle qui, en 1962, lors de sa visite historique outre-Rhin, avait prononcé – sans notes – une dizaine de discours en allemand. Deux ans plus tard, en 1964, en tournée en Amérique latine, il s’était adressé – toujours sans notes – en espagnol aux foules rassemblées, en particulier à Mexico avec son fameux « mano en la mano ».





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