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En Amérique latine, la droite avance… pour l’instant

mardi 9 janvier 2018   |   Andrés Mora Ramírez
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L’année qui s’est achevée nous a léguée divers évènements politiques qui, fort probablement, constitueront un point d’inflexion ou même de non-retour dans ce qui a été appelé le « virage progressiste » en Amérique latine.

La tendance qui se dessinait depuis quelques années déjà, à savoir le repli des gauches provoqué par un ensemble de processus et des facteurs internes et externes, est finalement devenue réalité, compte tenu du nouveau rapport de forces mis en évidence par les résultats électoraux en 2017. Ces derniers confirment la progression d’une droite qui, sans rien céder de son caractère anti-démocratique et soutenue par des groupes médiatiques hégémoniques, a été suffisamment habile pour réussir à retourner le cours de ses défaites, à affiner ses tactiques et stratégies de lutte – parfois « sales » avec les coups d’Etat parlementaires par exemple – et reconquérir ainsi des pays vitaux, tels que l’Argentine et le Brésil.

En Equateur, la victoire de Lenin Moreno en avril dernier et sa prise de distance presque immédiate avec le cercle d’influence de l’ancien président Rafael Correa ont fini par fracturer le mouvement Alianza País (Alliance pays) et remettre en cause la continuité de la Révolution citoyenne et avec elle, la pérennité des avancées politiques, sociales et économiques. L’incertitude grandit à propos du rôle que va jouer ce pays dans la difficile conjoncture latino-américaine, ainsi que sur son apport spécifique au système d’alliances instauré par Correa depuis 2006, plus précisément avec l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba).

En Argentine, le gouvernement de Mauricio Macri est sorti renforcé des élections législatives du 22 octobre 2017. Cette victoire lui a donné de la force pour approfondir sa politique néolibérale et mettre en place des plans d’austérité, favoriser les secteurs les plus puissants, réprimer le mécontentement citoyen et persécuter systématiquement les dirigeants politiques et sociaux de l’opposition.

Au Chili, Macri et Michel Temer (président non élu du Brésil) trouveront avec Sebastián Piñera, le président – héritier du pinochetisme – récemment élu pour la deuxième fois, un allié pour approfondir la restauration néolibérale.

Parallèlement, la scandaleuse fraude perpétrée au Honduras en novembre 2017, que même l’OEA (Organisation des Etats américains) dirigée par Luis Almagro n’a pu dissimuler, et la vague de répression ordonnée par le président Juan Orlando Hernandez qui s’en est suivie – qui ne fait que poursuivre la répression initiée avec le coup d’Etat de 2009 – mettent en évidence le catalogue des actions que les droites rétrogrades qui se démultiplient sur le continent sont prêtes à déployer.

Dans ce cadre désolé, le cas du Venezuela surprend le monde et alimente l’espoir que tout n’est pas perdu. Cette année, probablement la plus difficile pour la Révolution bolivarienne, le chavisme s’est imposé lors des scrutins électoraux organisés entre juillet et décembre (Assemblée nationale constituante, élections des gouverneurs et des maires) ; il a mobilisé un nombre de voix supérieur à ses niveaux historiques de soutien et réussi à désarticuler le bras politique de l’interventionnisme impérialiste, organisé autour de la MUD (Mesa de Unidad Démocratica, Table de l’unité démocratique).

Cerné par le harcèlement diplomatique et la guerre économique lancée par les Etats-Unis, faisant face aux milliers d’obstacles provenant, d’une part, de la corruption installée dans des entreprises d’Etat telles que Pdvsa (Petróleos de Venezuela SA), et d’autre part, des chemins non encore consolidés de la construction du socialisme et des erreurs commises dans la gestion gouvernementale, le président Nicolas Maduro est confronté à plusieurs défis. Il doit œuvrer pour des changements d’orientation, notamment en matière de politique économique et monétaire, première priorité du moment. Il doit également favoriser toujours plus la participation populaire dans tous les domaines et combattre la corruption sans relâche – comme promis par le nouveau procureur général, Tarek William Saab. De tout ceci dépend la survie de la Révolution bolivarienne.

Rien ne sera semblable à ce que nous avons vécu ces vingt dernières années dans la région, années de recherches, de luttes, de défaites et de victoires. Ce que les mouvements sociaux et les organisations politiques de gauche feront dorénavant devra être qualitativement différent et meilleur, pour tirer les leçons des évènements et pour mieux comprendre les horizons nouveaux de l’émancipation qui se profilent dans la complexité du système global de notre temps. C’est ce qu’exige l’humanité.

Aujourd’hui, la restauration néolibérale, promue par la droite affranchie des masques et des manières démocratiques, nous propose un horizon de régressions, de violences, de douleurs et de fractures sociales inévitables. Mais seulement « pour l’instant », pour reprendre la formule passée à l’histoire du commandant Hugo Chávez. Parce que les peuples ont toujours le dernier mot et qu’ils sauront arrêter, au bon moment, les élans de ces « insectes nuisibles qui rongent jusqu’à l’os la patrie qui les nourri », comme l’a écrit il y a plus d’un siècle José Martí.

 

Article publié le 28 décembre 2017 sur le site Noticias de America Latina y El Caribe (Nodal) : https://www.nodal.am/2017/12/la-derecha-avanza-ahora/

Traduction : Rosa Gutierrez





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