Depuis la fin 1998, en Amérique latine, une vague de chefs d’Etat de gauche ou de centre gauche occupent le pouvoir. Hasard ? Parfois réussis, parfois mis en échec, des coups d’Etat, pronunciamientos et autres tentatives de déstabilisation ont affecté le Venezuela (2002, 2014 et 2015), Haití (2004), la Bolivie (2008), le Honduras (2009), l’Equateur (2010) et le Paraguay (2012). Mais, alors qu’en 1973 la « communauté internationale » exprimait sa solidarité avec le Chili de Salvador Allende, elle se montre aujourd’hui indifférente, quand elle n’appuie pas implicitement les putschistes et la politique interventionniste des Etats-Unis.
C’est que, depuis les années 1970, les techniques ont évolué. Les conservateurs ayant appris que, face à « l’opinion », les méthodes sanglantes se révèlent contreproductives, des recettes sophistiquées permettent à ces sinistres opérations de ne plus être qualifiées de… « coup d’Etat ». De John F. Kennedy et Richard Nixon à George W. Bush et Barack Obama, d’Allende et Fidel Castro à Hugo Chávez, Evo Morales ou Rafael Correa, l’auteur mêle le passé et le présent, le récit, les témoignages et l’analyse pour raconter cette mutation et ses protagonistes – armées, CIA, diplomates, « sociétés civiles », Eglises, think tanks, médias…
A l’heure où de nouvelles forces progressistes – Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne – font leur apparition, ce document, qui se lit comme un roman, décrypte les enjeux et la fabrication de ces tentatives de déstabilisation.
Spécialiste de l’Amérique latine et ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, Maurice Lemoine a couvert la plupart des conflits de la région. Il est l’auteur, entre autres, de Chávez Presidente (2005), Cinq Cubains à Miami (2010) et Sur les eaux noires du fleuve (2013).
Maurice Lemoine, Enfants cachés du général Pinochet : Précis de coups d’états modernes et autres tentatives de destabilisation, aux éditions Don Quichotte, Paris, avril 2015, 716 pages, 25 euros.