Le 15 juin prochain, pour son premier match au Mondial de football brésilien, l’équipe de France affrontera le Honduras. Depuis le coup d’Etat qui s’y est déroulé le 28 juin 2009 contre le président progressiste Manuel Zelaya, ce pays connaît une répression politique et sociale ininterrompue tue par les grands médias.
Quant ils abordent la question de la violence dans ce pays, c’est pour reprendre sempiternellement la classification qui lui attribue les taux d’homicides les plus élevés en se limitant à en rendre responsables les redoutables bandes (les maras) et le crime organisé lié au narcotrafic.
Pourtant, le poids de la violence sociale imputable, par action et par omission, à l’action de l’État prend des proportions si énormes qu’elle finit par transpirer sur la scène internationale. Ainsi, le 28 mai dernier, plus d’une centaine de parlementaires états-uniens se sont inquiétés auprès du secrétaire d’État, John Kerry, des atteintes répétées contre les droits de l’homme, pointant notamment les assassinats d’enfants des rues ; ceux de journalistes (35 depuis 2009, dont trois au cours du mois dernier) ; de défenseurs des droits humains ; de paysans organisés ; de militants pour la reconnaissance de la diversité sexuelle ; de syndicalistes et en général de citoyens critiques et engagés politiquement dans la transformation de leur pays.
Piqué au vif, le président du Honduras, Juan Orlando Hernández, a décidé de se rendre jeudi 12 juin à Washington pour rencontrer « des fonctionnaires de haut niveau et réfuter les rapports sur les atteintes aux droits de l’homme envoyés par de ‘mauvais Honduriens’ afin de nuire à l’image du pays ». Par ce qualificatif, il vise directement « certaines organisations non gouvernementales qui instrumentalisent l’information à leur avantage dans le but d’obtenir des fonds pour pouvoir continuer d’exister [1] ». Il y a tout lieu de penser qu’en réalité, le président plaidera pour la continuité de sa propre politique, toute entière tournée vers une militarisation accrue du pays.
A quelques jours du match France-Honduras, c’est du Honduras qui résiste dignement que nous voulons parler. C’est aux Honduriennes et Honduriens qui luttent que nous voulons donner la parole.
Ont collaboré à l’élaboration de ce dossier des membres d’Alerte Honduras ; de France Amérique latine ; du Projet d’accompagnement au Honduras (PROAH) ; des journalistes indépendants (Hélène Roux et Benoit Hervieu). Que soient ici chaleureusement remerciés les journalistes, les membres d’associations de défense des droits humains et d’organisations populaires du Honduras qui ont apporté leur collaboration.
Lire également notre précédent dossier → « Honduras 2014 »
- Au Honduras, pas de droits humains, mon pote ! Seulement des opportunistes qui vivent de la misère et des larmes du peuple !