Il est extrêmement difficile de trouver un État ou autre structure politique qui n’ait jamais violé les droits humains d’une façon ou d’une autre.
Violer les droits humains, cela consiste parfois dans le meurtre d’un dissident. Dans d’autres cas les violations sont moins graves, mais n’en ont pas moins de terribles conséquences sur la vie et les activités de celles et ceux qui les subissent.
À de rares exceptions près, l’entité politique accusée de violations des droits humains nie toujours se livrer à de telles pratiques.
Les preuves tangibles sont difficiles à recueillir et à diffuser. Quoi qu’il arrive, l’entité accusée a généralement tendance à ignorer les protestations et à maintenir inchangée la situation dénoncée.
Parmi les cas dont on parle dans l’actualité figurent le Brésil, l’Argentine, le Venezuela, la Colombie, le Pérou, le Nicaragua, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, la Suède, la Lettonie, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Bulgarie, la Turquie, l’Arabie saoudite, Israël, la Palestine, l’Égypte, le Soudan, le Sud-Soudan, le Kenya, l’Afrique-du-Sud, le Yémen, l’Iraq, le Pakistan, l’Inde, la Birmanie, l’Indonésie, l’Australie, la Chine, la Corée du Sud, la Corée du Nord et le Japon.
Chacun des pays cités possède ses défenseurs, indignés par ces accusations, et ses détracteurs qui en font leur numéro un au palmarès des coupables.
Cet inventaire déjà très fourni ne comprend pas les entités politiques situées à l’intérieur des frontières d’États souverains. On allongerait considérablement la liste en les y ajoutant.
Que conclure de cette discussion tout à fait nébuleuse sur les droits humains ? En premier lieu, je dirais qu’il ne faut pas user isolément de la catégorie des droits humains. Elle peut, peut-être, s’avérer utile comme composante d’une analyse complexe de la situation d’une entité politique donnée, mais ne saurait se suffire à elle-même.
Ma seconde conclusion est que le recours à cette catégorie n’a guère produit de résultats à ce jour. Telle qu’employée par la plupart des activistes, elle nous a détournés de l’analyse du système capitaliste, et par là du combat primordial de notre époque.
Traduction : Christophe Rendu
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