Les révélations apportées par l’Humanité lundi dernier sont fort significatives : les dix patrons les mieux payés du CAC 40 ont perçu, en 2009, année de grande dépression économique, une rémunération annuelle cumulée de 34 millions d’euros... Soit, un salaire mensuel moyen de 280 000 euros (à comparer avec celui des smicards : 1 345 euros...). Alors que 13% de la population, soit un peu plus de huit millions de Français, vivent sous le seuil de pauvreté.
Encore plus scandaleux : au sein de l’Union européenne, en plein désastre économique, les profits des dix principales banques dépassaient l’an dernier les 50 milliards d’euros...
Comment est-ce possible ? Voici le secret d’un tel miracle : dès l’explosion de la crise bancaire, à l’automne 2008, les Etats, via leurs banques centrales, ont prêté massivement, à des taux d’intérêt très faibles, aux banques privées en difficulté pour les sauver de la faillite. Celles-ci ont utilisé ces masses d’argent bon marché pour prêter à leur tour - à des taux beaucoup plus élevés -, aux familles, aux entreprises, aux spéculateurs... et aux Etats eux-mêmes. Réalisant donc des profits exceptionnels.
Conséquence : plusieurs Etats - la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne... - se retrouvent maintenant très lourdement endettés, affaiblis et furieusement attaqués par des ruffians financiers (banques, fonds de pensions, spéculateurs, etc.) largement responsables de la crise de 2008... Et que les Etats avaient sauvé de la banqueroute ! Des Etats contraints d’imposer aujourd’hui des plans d’austérité drastiques et brutaux à leurs citoyens pour satisfaire les exigences des spéculateurs. Ce qui révolte des millions de salariés européens.
Ainsi, dans nos sociétés où la cohésion sociale vole en éclats, les riches continuent de s’enrichir pendant que le nombre de chômeurs et de précaires explose. Combien de temps les citoyens supporteront-ils un tel scandale ?