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Un « complément d’enquête » qui satisfait BHL

lundi 7 juillet 2014   |   Mémoire des luttes
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Le dernier entretien réalisé par Benoît Duquesne et diffusé sur France 2 en conclusion du dossier de Complément d’enquête du jeudi 3 juillet – la veille de son décès subit – ne figurera pas parmi les plus pugnaces de la longue et méritoire carrière de ce journaliste. Il est vrai que la personnalité qu’il interviewait n’était autre que Bernard-Henri Lévy, et chacun sait que BHL ne supporte ni les questions qui fâchent ni les manquements à la déférence. Et surtout que, grâce aux postes d’influence qu’il occupe dans les médias – du Point au Monde, en passant, entre autres, par Arte – et d’une considérable fortune héritée de son père, qui lui permet de s’affranchir des contraintes du commun des mortels, il dispose d’un pouvoir d’intimidation de nature à faire réfléchir les enquêteurs les plus téméraires. Il s’en cache d’ailleurs à peine.

Si l’on ajoute que l’ancien « nouveau philosophe » a eu l’oreille de trois présidents successifs – François Mitterrand, Nicolas Sarkozy et François Hollande –, et que, en maître de cérémonies, il fixe la « règle du jeu » [1] politique et médiatique, on comprend que Benoît Duquesne ne se soit pas aventuré trop loin. D’autant qu’il intervenait après un portrait filmé de BHL, réalisé par Yvan Martinet, et dont le moins que l’on puisse dire est qu’il ne risquait pas de provoquer le courroux de l’homme à la chemise blanche échancrée.

Certes les apparences étaient sauves : entre deux propos confinant parfois à l’ hagiographie, Yvan Martinet avait donné la parole à Frédéric Pagès, inventeur d’un philosophe imaginaire, Jean-Baptiste Botul, que BHL avait cité dans son ouvrage De la guerre en philosophie comme s’il s’agissait d’une sommité intellectuelle ! Mais au-dessus d’un certain niveau de patrimoine et d’épaisseur du carnet d’adresses, il est bien connu que le ridicule ne tue pas.

Puisque Complément d’enquête se présente comme un « magazine d’investigation », on aurait pu penser que sa dernière livraison télévisuelle ferait état d’une véritable investigation et, qui plus est, d’une investigation aboutie, puisque conduisant à une décision de justice : la condamnation de BHL par le tribunal correctionnel pour diffamation publique de Bernard Cassen ancien directeur général du Monde diplomatique et secrétaire général de Mémoire des luttes. Et cela avec des attendus accablants sur le manque flagrant de sérieux et de rigueur du prévenu [2]. Interrogé sur les raisons de cette étonnante omission, dont il revendique la pleine responsabilité, Yvan Martinet a nié toute auto-censure et invoqué des raisons techniques. Et BHL s’est déclaré satisfait du film…




[1C’est le nom de la revue confidentielle de BHL.



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